God Of War III : le test - fin


At the end there will only be Chaos

Pour ce God Of War 3 on retrouve ce qui a fait la force des épisodes précédents, autant dire que le nouvel épisode ne fait pas dans l'originalité mais ne régresse pas non plus, loin de la.
C'est Dustin Browder qui disait récemment qu'il n'essayait pas d'être innovant quand on lui posait des questions à propos du prochain Starcraft 2, ici on retrouve le même sens de l'achèvement de l'idée: un aboutissement logique qui ne renie rien des origines, au contraire GOW est bien devenu un modèle dans le panorama sensible du BTA en veut pour preuve le dernier Dante's Inferno qui essaie d'en capter l'essence et dont les mécanismes sont similaires.

On reste donc dans un trip dur et bestial, loin des canons japonais du genre comme Devil may Cry, Ninja Gaiden ou plus récemment le très bon Bayonnetta qui ont une approche beaucoup plus technique du BTA.
Le personnage se contrôle toujours aussi simplement, 4 armes principales, 3 caractéristiques à augmenter et des objets à récupérer qui permettront à Kratos de le faire évoluer différemment dans certaines situations.
Le petit point noir au niveau des contrôles est peut être une latence dans les sauts qui peut devenir gênante puisqu'il vous arrivera de mourir plus fréquemment durant les phases de plateformes qu'en combat, à part si bien sûr vous jouez comme un homme un vrai dans les difficultés les plus élevées, auquel cas il faudra jouer des coudes pour arriver à vos fins et décrocher le platine.
En dehors de ce léger désagrément le jeu est ultra maniable, les combos ultra accessibles, l'ergonomie de jeu pensée pour prendre du plaisir immédiatement, les QTE sont mis en scène avec précision et sont rythmés par des timing aléatoires judicieux. On évitera aussi les problèmes de caméras inhérents à beaucoup de Beat modernes avec un oeil fixé sur l'action, on voit ce qu'on frappe (ou sur qui on frappe) tout le temps: les frères Billy Lee et Jimmy Lee de Double Dragon reconnaîtront comme le Roi Heenok la valeur fruitée d'une telle mise en application.

Le scénario, lui, tient la route. Bien sûr n'est pas Homère qui veut mais l'univers de ce dernier épisode de l'épopée Kratos tient ses promesses notamment grâce à un final assez poignant et mémorable.
On aurait pu penser que cet épisode serait le plus noir de la série, malgré sa trame fataliste il n'en est finalement rien, c'est d'ailleurs assez intéressant de suivre l'idée que, malgré le chaos total que Kratos engendre, il existe une justice et une histoire pour la rédemption de l'âme de ce vulgaire outil des dieux, une rédemption qui passe par la vengeance, mais forcément une étape libératrice pour ce personnage déshumanisé.


Les personnages que l'on rencontrera tout au long de l'aventure sont hauts en couleur. Ils finissent souvent baignant dans le rouge de leur sang mais certaines rencontres valent leur pesant d'os de Ghoules (Héra en Desperate Housewife alcoolique c'est quand même grand), la narration est fluide, et il est possible pour quiconque n'ayant jamais joué à un God of War avant ça de comprendre ce qui se passe à l'écran grâce à de petits intermèdes et cut scenes sous forme de cartoon animés bien intercalés dans l'aventure, rappelant au passage la patte qu'avait essayé d'accrocher Ninja Theory avec son Heavenly Sword il y a de cela quelques temps faudrait il y voir un clin d'oeil, peut être d'autant que ce n'est pas le seul. Associé aux phases de plateformes et aux puzzle game toujours présents,
autant vous dire que l'alchimie fonctionne et que le plomb que Kratos a dans la tête, il le transforme en or.
Les situations de jeu s'alternent sans véritables temps morts, et les clins d'oeil sont nombreux et assez inattendus: qui aurait pu penser retrouver une phase de jeu très emprunte de l'OVNI d'Ueda ICO ou un trip visuel pour la construction d'un niveau qui met Escher sous les feux de la rampe ? Même si ce ne sont là que de rapides et discursives mises en scène de références à travers le jeu elles participent à la représentation finale et ludique du jeu, une somme de petits détails qui donne du corps à cette expérience qui, malgré ses airs patauds et bas du front, est beaucoup plus fine qu'il n'y parait.
Et pour finir, parce qu'il faut tout de même en parler, le tout est porté par une OST martiale et sombre qui accompagne la charge de Kratos comme la moiteur le coït, puissante et cuivrée, mais aussi grave et solennelle, elle retranscrit parfaitement le combat que mène le divin chauve sur l'Olympe. On pourra tout autant saluer le travail apporté sur les bruitages du jeu où la moindre fracture d'os résonne comme une cloche avant la messe dans l'église. Autant vous dire que les cloches ne cesseront de sonner jusqu'au Nirvana, Kratos distribuant les pains comme le prêtre ses hosties durant l'office.

Conclusion

Les promesses sont au rendez vous, c'est bien là un gros titre triple A que Sony nous balance à la gueule pour ce mois de Mars: un monument du jeu d'action, énergique, stylisé et magnifié par des décors légendaires, certaines phases de jeu notamment celles sur les Titans entrent directement au panthéon des trucs les plus improbables qu'il nous ait été donné de voir dans un jeu vidéo, et puis ça pue la testostérone, la violence barbare qui inonde le jeu par flots incessants a tout du trip jubilatoire que les BTA n'ont eu de cesse d'approcher.
GOW 3 réalise les fantasmes d'une génération de joueurs et laisse les viscères du BTA sécher à l'air libre et en HD s'il vous plait.
Un des titres les plus marquants du catalogue PS3. Grandiose.

Note : 19/20



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